LE MASQUE ET L'ENFANT

Entre 0 et 3 ans le développement social du tout-petit est à son apogée alors même que les moyens de communication entre lui et l’adulte sont différents. Chacun essaye de comprendre et de décoder l’autre en le contemplant.

Mais comment faire si le visage de cet autre, qu’il soit parent ou éducateur, est masqué ?

À la naissance, le bébé possède 100 milliards de neurones qui ne sont pas encore reliés les uns aux autres. C’est grâce aux expériences qu’il va vivre, aux nouvelles découvertes, que les connexions entre deux neurones, les synapses, vont se former. Chaque nouvelle image, chaque nouveau son va créer chez lui de nouvelles connexions. L’efficacité de ces synapses est influencée par les informations, bonnes ou mauvaises qui seront reçues par son cerveau. Les soins, la parole et l’attention portés à l’enfant sont primordiaux. Les mimiques, l’intonation de la voix, les gestes et expressions vont lui permettre d’appréhender ce monde qui est pour lui une terre inconnue.

Il lui suffit de vivre et d’être en relation avec autrui pour que son cerveau se développe. Un environnement stimulant et bienveillant lui permettra d’acquérir les apprentissages. De plus, c’est parce qu’il observe le bas du visage de son parent, que, par mimétisme, le bébé va mettre en place le langage. En effet, à partir de 7-8 mois il comprend qu’il est un être unique et donc différent de l’autre. Quelle découverte et quelle angoisse pour lui ! Si l’autre s’en va, il faut pouvoir le faire revenir et donc l’appeler, bouger les lèvres et le nommer « Papa, maman ».

L’observation que le bébé porte sur l’adulte est capitale pour son développement affectif et social. Par ailleurs le bébé est davantage captivé par les visages animés que par les objets inertes. Il peut les imiter et ainsi comprendre les codes de la communication. C’est parce qu’il verra son parent sourire qu’il reproduira ce geste. Dans cette vidéo, https://www.youtube.com/watch?v=OgzWqcsA21I, le Pr Tronick montre à quel point un visage impassible est extrêmement déroutant pour l’enfant. Il exprime alors sa détresse pour provoquer de nouveau une interaction avec son parent.

Que vont mettre en place les bébés faces aux masques de la nounou, de l’éducatrice ? Comment vont-ils réagir et interagir ?

Faute de recul, il est difficile d’anticiper cela mais, les visières semblent une alternative crédible pour assurer la sécurité affective et physique du tout-petit.